La première fois que je suis arrivé au bord du lac des Fades-Besserve, c’était un matin d’été, l’air encore frais malgré le soleil déjà décidé. Il y avait du brouillard sur l’eau ; un silence dense, traversé seulement par quelques cris de grèbes. J’ai garé la voiture à l’entrée des Ancizes-Comps : de loin, un bourg presque oublié, blotti entre la forêt et l’étendue tranquille du barrage. On ne vient pas ici par hasard : c’est une escale choisie, pour ceux qui aiment la discrétion des coins préservés, et le sentiment rare de voir un paysage respirer, loin de toute agitation.
Sommaire
TogglePourquoi venir aux Ancizes ? S’éloigner des grandes routes pour trouver l’Auvergne sauvage
Les Ancizes-Comps, c’est une promesse d’Auvergne sans chichis, à hauteur d’hommes, entre Puy-de-Dôme et Combrailles. On s’y arrête pour le calme, pour le grand lac des Fades-Besserve, pour marcher sur les traces d’une aventure humaine et industrielle : celle du barrage et du fameux viaduc des Fades. Ici, tout semble dialoguer dans la retenue : nature cérébrale, grands espaces aquatiques, villages de pierre bâtis à flanc de pente.
Ce n’est pas le genre d’endroit où défilent des cars de touristes. On vient aux Ancizes plutôt pour une expérience de bout du monde… à portée d’Auvergne.
Autour du lac des Fades-Besserve : la géographie vivante d’un pays discret
Un lac à l’histoire récente, à l’ambiance suspendue
Le lac des Fades-Besserve, c’est un géant discret : 385 hectares, des criques entières mangées par les bois, une eau profonde (jusqu’à 45 mètres) qui semble parfois avaler la lumière. C’est un lac artificiel : ici, l’homme a posé un barrage (en 1968), noyant prairies et vallons, mais redessinant aussi un paysage où la nature a vite repris le dessus.
Au fil du matin, on y croise des pêcheurs penchés sur la brume, des cygnes, parfois un canoë qui s’aventure trop loin. Le tout baigné dans une lumière parfois bleutée, presque nordique. L’été, les rives accueillent familles et baigneurs. Mais même au plus fort de la saison, l’impression d’espace domine : le plan d’eau est vaste, les plages souvent calmes.
Le viaduc des Fades : prouesse vertigineuse
On ne peut pas le manquer, même de loin : le viaduc des Fades découpe le ciel. 133 mètres de hauteur, 470 mètres de long – le plus haut viaduc ferroviaire de France, dressé en 1909. Aujourd’hui, les trains n’y passent plus, mais la structure, elle, résiste. De la route, son allure austère impressionne. Du sentier un peu plus bas, on devine la rivière qui file, minuscule, au cœur de la gorge.
Petit conseil : grimpez jusqu’au belvédère aménagé (pancarte discrète au départ du village). On y voit le viaduc comme suspendu sur le vert et l’ardoise, dans une lumière souvent changeante – spectacle garanti au lever ou au coucher du soleil.
Des villages, la forêt, le sentiment d’être “ailleurs”
Les Ancizes-Comps s’étirent sur plusieurs hameaux (Châteauneuf-les-Bains, Le Pont-du-Bouchet…). Ici et là, des maisons aux volets clos, parfois un four à pain communal, un café qui ouvre à l’aube pour les habitués. Les routes serpentent à travers les bois de châtaigniers et les pâturages, coupant par endroits une coulée de brume qui n’a pas encore décidé de céder la place au soleil.
On se sent vite… coupé du monde : la couverture mobile flanche, le temps s’étire. Idéal, donc, pour se (re)trouver, marcher, lire, ou simplement regarder le vent plier la cime des arbres.
Que faire autour du lac des Fades-Besserve ? Petits plaisirs et grandes échappées
Pêche, baignade et balades sauvages
Évidemment, le lac attire d’abord les amateurs de pêche : sandres, brochets, carpes… au lever du jour, on voit les barques dériver doucement sur l’eau ridée, chacun sa stratégie, chacun son coin secret. Pour la baignade, quelques zones surveillées sont aménagées l’été (Pont-du-Bouchet notamment), mais il n’est pas rare de trouver sa petite plage tranquille presque rien que pour soi.
Pour marcher : de nombreux sentiers filent dans les sous-bois ou longent les rives escarpées. Un conseil : le matin tôt, la brume donne aux forêts de hêtres une ambiance irréelle. À ne pas manquer non plus : le sentier qui monte au-dessus du barrage, vues plongeantes garanties.
Découvrir le vélorail des Fades : pédaler sur les rails, autrement
Parmi les expériences insolites du coin, difficile de ne pas citer le vélorail des Fades. Imaginez : pédaler tranquillement sur d’anciennes voies ferrées, entre viaducs et forêts, parfois haut perché, toujours au rythme du paysage. C’est accessible à tous (famille, amis, grands-parents compris), avec parcours “découverte” ou “sportif” selon l’envie. Le point de départ : la gare d’Ancizes-Saint-Georges.
Plaisir simple, un peu hors du temps. Les enfants adorent. Les adultes aussi, on ne va pas se mentir.
| Activité | Saison idéale | Prix indicatif (par pers.) | Pour qui ? | Équipement utile |
|---|---|---|---|---|
| Pêche | Printemps – Automne | Carte de pêche (~15–30 € / jour) | Passionnés, familles | Canne, appâts, panier |
| Baignade | Juin à septembre | Gratuit (zone surveillée) | Famille, amis | Maillot, serviette, crème solaire |
| Vélorail des Fades | Avril à novembre | 28–38 € (prix pour 4, durée : 1h30) | Groupes, couples, familles | Baskets, tenue décontractée |
| Randonnées/sentiers | Toute l’année | Gratuit | Marcheurs, contemplatifs | Chaussures, chapeau, carte IGN |
Explorer la Combraille, ce coin d’Auvergne si méconnu
Quand l’eau appelle la pierre, il suffit de s’enfoncer vers les villages alentour. Châteauneuf-les-Bains – et ses eaux autrefois réputées –, Sauret-Besserve, Herment, autant de noms qui fleurent bon le granit et les murs à la chaux. Les marchés de producteurs (le jeudi matin, de juin à septembre, sur la place principale), c’est la meilleure adresse pour dénicher charcuterie, fromages ou liqueurs locales – et refaire les provisions, tout simplement.
Un détour conseillé : les ruines du château de Chazeron, perchées à quelques kilomètres au sud, d’où le panorama se dévoile jusqu’aux contreforts du Sancy par temps clair.
Préparer son séjour aux Ancizes-Comps : conseils pratiques et secrets d’initié
Se loger : gîtes, campings, et l’art de choisir le lieu juste
Ici, l’offre touristique s’égrène discrètement : pas d’immenses hôtels, mais des gîtes traditionnels (de vieilles granges retapées, souvent gérées en famille), quelques campings ombragés le long du lac, et une poignée de chambres d’hôtes. L’été, réservez à l’avance : les places les plus charmantes partent vite.
J’ai gardé un excellent souvenir d’une nuit au camping du Pont-du-Bouchet, où le matin, les oiseaux chantent plus fort que les moteurs. Pour ceux qui veulent l’expérience totale : quelques cabanes perchées et roulottes sont proposées sur la commune, parfait pour un séjour “off” mais pas rustique.
Manger et boire : produits locaux et pauses à savourer
Les restaurants sont rares, mais sincères. On mange du fromage de pays (Saint-Nectaire, bleu d’Auvergne), de la truite, et, en saison, de la charcuterie maison. Une adresse testée et approuvée : L’Auberge du Viaduc, au Pont-du-Bouchet, pour son aligot de pommes de terre fondant et ses desserts maison. À ne pas manquer aussi : la petite épicerie du village, qui fait office de QG et de mine de bonnes adresses.
Pour le goûter : une tarte aux myrtilles achetée sur le marché, ou, le matin, le pain encore tiède de la boulangerie du bourg. Rien de tel pour accompagner une pause au-dessus de l’eau.
Accès et mobilité : venir sans voiture, c’est possible ?
Le coin n’est pas (encore) desservi comme une station balnéaire : mieux vaut être motorisé pour en profiter pleinement. Mais avec un peu de patience, quelques alternatives existent : bus régionaux depuis Clermont-Ferrand (avec correspondance à Saint-Gervais-d’Auvergne), train TER jusqu’à Lapeyrouse (à 16 km). Sur place, le vélo et la marche restent les meilleurs compagnons – et les moins bruyants.
Petit conseil pour les voyageurs “slow” : le vélo électrique s’avère ici très pertinent : vallées douces, réseaux de petites routes, et la possibilité de s’arrêter n’importe où dès qu’un point de vue vous accroche l’œil.
Un coin d’Auvergne “vrai”, entre dépaysement et sobriété
Le luxe des petits riens
La magie des Ancizes-Comps, c’est peut-être son absence de toboggans géants, son refus de devenir une destination à la mode. Ici, l’inattendu guette à chaque détour : un héron qui décolle en silence, le parfum d’une fougère écrasée, l’ombre du viaduc sur la rivière. On redécouvre la joie de faire peu, mais de le faire pleinement.
Sur les rives du lac, tôt le matin, tout paraît possible : écrire, dessiner, rêver. Ou ne rien faire du tout. Il y a des séjours où l’on coche toutes les cases et, d’autres fois, où l’on laisse les cases vierges – pour mieux y revenir, plus tard.
Mon expérience : un matin de brume, un café et le temps suspendu
L’an dernier, je me souviens avoir patienté, un bol de café à la main, sur la berge pierreuse en face du barrage. Le soleil mettait longtemps à percer. Derrière moi, un pêcheur préparait sa ligne : gestes lents, précis, presque rituels. On s’est salués d’un signe, sans un mot. Et puis ce parfum d’herbe mouillée, l’écho très lointain du train (imaginé) sur le viaduc. J’ai rarement connu matinée plus simple, ni plus dense.
Et après ? Oser la lenteur, revenir vers les petits villages du cœur d’Auvergne
Pourquoi venir jusqu’ici ? Pour découvrir autre chose. Une Auvergne secrète, dont la magie ne s’impose pas, mais se dévoile peu à peu ; pour apprendre à ralentir, à écouter les silences, à regarder autrement. Les Ancizes, le lac des Fades-Besserve, c’est le genre d’endroit qui vous invite à revenir. Ou peut-être à rester – ne serait-ce que jusqu’au prochain lever de brume. Prenez le temps d’y passer, de vous perdre, et surtout… d’écouter ce silence unique qui flotte encore, entre deux rives.
FAQ – Tout savoir avant de partir aux Ancizes et au lac des Fades
- Quelle est la meilleure période pour séjourner aux Ancizes-Comps ?
- Le printemps et l’automne sont idéaux : peu de monde, nature éclatante. L’été permet la baignade, mais privilégiez la semaine ou les débuts de matinée pour avoir les plages rien que pour vous.
- Peut-on louer du matériel sur place (canoë, vélorail, etc.) ?
- Oui : les bases nautiques du Pont-du-Bouchet proposent location de canoës, paddles, et le vélorail loue sur réservation. Pensez à réserver, surtout en juillet-août.
- Y a-t-il des hébergements écoresponsables autour du lac ?
- Plusieurs gîtes et chambres d’hôtes sont engagés (tri, énergie solaire, produits locaux). Le camping du Pont-du-Bouchet fait aussi figure de référence pour sa gestion douce.
- Le viaduc des Fades se visite-t-il vraiment ?
- On ne peut pas monter dessus, mais il y a plusieurs points de vue et balades à faire autour. Des visites-guidées ponctuelles sont organisées l’été : renseignez-vous à la mairie ou à l’office du tourisme.
- Quels souvenirs rapporter des Ancizes-Comps ?
- Pain du village, tome fermière, charcuterie, miel, ou une bouteille de liqueur à la gentiane. Et surtout, le souvenir d’un coin d’Auvergne encore authentique, loin des circuits classiques.