Il y a des villages où l’on passe sans les voir. Et d’autres, à l’image de Durtol, qui vous attirent comme un havre discret à deux pas de Clermont-Ferrand. Parfois, il ne faut qu’un détour de quatre kilomètres pour changer d’air, découvrir une autre lumière, sentir la pierre volcanique sous sa paume. Durtol, c’est l’Auvergne du quotidien habité, du pas tranquille sur le pavé, des rencontres de marché et des pentes boisées qui invitent à prendre le temps. Ce guide vise à donner toutes les clés pour s’imprégner de ce village authentique, profiter de son patrimoine, et, surtout, respirer un peu de cette douceur que l’on croyait réservée aux coins secrets.
Pourquoi découvrir Durtol ? (et pas juste passer devant)
Un matin de décembre, j’ai pris le bus depuis la gare de Clermont. Dix minutes et tout avait changé : le bruit de la ville s’estompe, les maisons se rassemblent autour du clocher, et la silhouette du château surgit sur un promontoire, un peu comme un repère pour les ciels d’orage. Ici, on est loin des foules du centre, tout près du plateau des Côtes, ce balcon où le regard s’étire jusqu’aux Puys – même la chaîne se devine par temps clair. Mais la vraie surprise, à Durtol, ce n’est pas tant ce que l’on vient chercher, que tout ce qu’on y reçoit sans y penser : une boulangerie qui sent la pompe à l’ancienne, un jardin partagé ouvert à tous, ou l’ombre complice des vergers au bout d’un sentier.
Ce n’est pas un décor de carte postale : Durtol, c’est l’Auvergne vécue, mâtinée de traditions discrètes et d’un patrimoine diffus, jamais figé.
Géographie pratique et accès : comment rejoindre Durtol sans prise de tête ?
Située à 4 km au nord-ouest de Clermont-Ferrand, la commune offre un accès facile mais, il faut l’avouer, pas toujours bien indiqué. En train, rien de direct, mais les lignes 10 et 32 du réseau T2C filent depuis la place Delille, et vous déposent en une vingtaine de minutes. Pour qui préfère la mobilité douce, c’est un compromis idéal : on laisse la voiture, on se laisse guider – l’arrivée à Durtol, au détour d’un virage, résonne comme une ponctuation apaisée après la rumeur de la métropole.
Pour les adeptes du vélo, compter 20 minutes depuis le centre de Clermont (attention, ça monte un peu à la sortie de Chamalières…). Rien de sportif, mais ça réveille les mollets et donne droit à un café bien mérité en terrasse.
Au fil des rues : patrimoine et petites histoires
Un château, mais pas seulement : l’histoire dans la pierre
Ce qu’on ignore souvent en longeant la route principale, c’est la présence d’un château médiéval du XIIe siècle. Transformé aujourd’hui en clinique médicale, il veille, massif et discret, sur le village, comme un témoin d’un temps où l’Auvergne était terre de seigneurs et de marchands. On n’entre pas librement à l’intérieur (clinique oblige), mais il suffit d’en faire le tour à pied, le matin, quand la brume s’accroche à la cime des cèdres, pour sentir l’ancienne vie de ces murs. Un banc, en face, invite à s’arrêter. C’est souvent là que je prends quelques notes, en humant l’odeur de la pierre tiède.
L’église Saint-Cyr, construite vers 1855, s’élève à quelques pas. Elle a remplacé la chapelle du château et garde cette atmosphère simple des lieux de village : lumière douce filtrée par les vitraux, senteur de cire froide, et, parfois, un air d’orgue qui file entre les bancs. Rien d’ostentatoire, mais une âme tranquille, comme un bras tendu vers ceux qui cherchent du calme.
Les petites pépites du centre-bourg
En descendant la Grand’rue, on croise une épicerie, la boulangerie où la pompe à la tome s’affiche encore en lettre manuscrite, un bistrot à la déco un peu datée mais à l’accueil vrai (le patron vous reconnaît dès le deuxième passage). Le mercredi matin, petit marché de producteurs : fromages au lait cru, pain de seigle, œufs frais, bouquets de saison. On n’achète jamais vraiment “juste” des produits : il y a toujours une anecdote, un conseil, parfois même une invitation à revenir “goûter le pâté maison, semaine prochaine”.
Durtol, village “Pays d’Art et d’Histoire” (label 2024)
Ce label, décroché en avril 2024, n’est pas un simple ruban à la boutonnière. Il atteste d’un engagement concret : restaurations, visites guidées, valorisation de l’histoire locale pour les nouvelles générations et les curieux de passage. Plusieurs itinéraires de découverte permettent de parcourir le patrimoine caché – anciennes fontaines, vestiges gallo-romains, fermes vigneronnes dont il reste parfois un pan de mur, un portail sculpté, un blason effacé par le temps.
Événements à ne pas manquer et vie locale
Ici, les fêtes sont des prétextes pour se retrouver, partager, perpétuer des rituels presque confidentiels. La Fête de la Rave en septembre (marché, animations, vide-greniers) et la Fête de la Pompe en octobre (avec la Confrérie des Talmeniers du Bon Pain, une histoire de farine et de convivialité…) sont des moments où Durtol s’ouvre, s’anime, vibre de cette chaleur humaine typique des villages auvergnats.
Il faut franchir la porte d’un stand, s’asseoir une minute près d’un brassin de bière artisanale, goûter ce fameux pain brioché qu’on partage sans façons. Ici, le bonjour est simple, et la discussion part souvent sur la météo, la récolte des pommes ou la littérature locale.
Nature, paysages, randonnées : Durtol côté plein air
Le site des Côtes : un balcon sur Clermont (et l’histoire)
En une vingtaine de minutes, à pied depuis le bourg, on atteint le plateau des Côtes. La montée traverse de petits quartiers résidentiels avant de s’ouvrir : tout à coup, la vue panoramique sur la métropole clermontoise, le Puy de Dôme et, par-delà, la chaîne des Puys. Ici, je m’arrête toujours. Il y a comme un souffle, ce moment où le vent transporte l’odeur du lichen sec, où l’on surprend le chant d’une mésange charbonnière. Au détour du sentier, des panneaux évoquent les vestiges gallo-romains : oppidum, temple oublié, villa disparue sous la végétation.
Pour les amateurs de botanique, le site des Côtes abrite aussi une belle variété de plantes des pelouses sèches (orchidées sauvages au printemps, œillets discrets, thym serpolet). Un vrai laboratoire naturel à explorer doucement.
Randonnées autour de Durtol : les itinéraires testés et approuvés
Si vous cherchez une randonnée à faire en solo, en famille ou avec un groupe d’amis, Durtol est une petite “porte d’entrée” idéale dans le paysage volcanique. Plusieurs sentiers démarrent directement du village, dont le circuit “De Durtol à la chaîne des Puys”, réalisable en 2 jours pour les plus motivés. On traverse alors des zones boisées, longe des prairies à vaches, croise quelques lavoirs et vestiges agricoles, avant de monter vers l’horizon bleu-gris du Puy.
Pour des balades plus courtes, les sentiers des vergers et des jardins partagés permettent de prendre le pouls du terroir local. J’ai souvenir d’une fin d’après-midi d’automne où les pommes odorantes jonchaient le sol, et où le soleil couchant faisait briller la brume d’un éclat doré. Rien ne vaut alors un détour par une ferme, pour ramener une reinette du village ou un pot de confiture maison.
