visiter lac de la Crégut

Visiter le lac de la Crégut : perle du Cantal

Il y a des lieux qu’on ne cherche pas… et qui finissent par nous trouver. Le lac de la Crégut, pour moi, c’est arrivé comme ça. Une carte mal repliée dans la poche, un panneau croisé au hasard d’une route secondaire du Cantal, et ce nom qui m’a accroché l’œil. Crégut. Ça sonnait rustique, précis, et un peu secret.

Je venais de quitter Riom-ès-Montagnes après une virée matinale au marché, avec ce besoin de silence qui surgit parfois, comme un ventre qui gargouille sans prévenir. Il me restait un bout de pain de seigle, un petit bleu d’Auvergne et un Thermos de café. L’idée d’un coin tranquille au bord de l’eau s’est imposée. Et j’ai tourné.

L’arrivée : ce silence qu’on oublie d’écouter

La route devient plus étroite. On longe des pâturages, puis des bois. Et soudain, un arrondi de ciel posé sur la terre. C’est le lac. Il ne dit rien, il ne bouge presque pas. Une eau sombre, profonde, entourée de sapins et de quelques bouleaux aux troncs blanchis. J’ai coupé le moteur. Même les oiseaux semblaient se taire.

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Je suis sorti. L’air avait une odeur d’humus humide, de résine, de mousse ancienne. Ce genre de parfums qu’on ne peut pas acheter, qu’on ne croise qu’en marchant seul, sans musique, sans écran, sans urgence.

Un lac formé par la glace et gardé par le silence

Une origine glaciaire ancienne

Le lac de la Crégut est né il y a plus de 13 000 ans, creusé par le glacier de l’Artense. Rien que ça. C’est l’un des plus grands lacs naturels du Massif central – environ 37 hectares. Et pourtant, il reste invisible aux yeux pressés. Aucun panneau criard, aucun parking bétonné. Juste une piste, un sentier, un bord d’herbe où poser son sac.

Il paraît que l’eau vient de sources souterraines et de quelques rus, qui remplissent cette cuvette sans tapage. Ce qui frappe, c’est sa limpidité. On voit le fond, les roches, parfois une branche noyée, comme si le lac lui-même refusait l’oubli.

Une biodiversité discrète mais foisonnante

Je n’ai pas vu de loutre, ce jour-là. Ni de cerf. Mais j’ai entendu un pic épeiche, aperçu un héron en vol, surpris une grenouille au saut maladroit. C’est un écosystème qui ne s’exhibe pas, qui se mérite. Les tourbières ont été évitées ici, grâce à la profondeur. Et ça change tout. La flore y est plus variée, les berges plus franches. On n’a pas les pieds dans la gadoue, mais dans l’aiguille de sapin sèche et douce.

Tour du lac : 5 kilomètres d’oubli de soi

Il existe un sentier balisé qui fait le tour du lac. Je l’ai emprunté sans le savoir, en suivant simplement la rive. Il alterne ombres épaisses et éclaircies sur l’eau. À chaque détour, une nouvelle perspective, un silence différent. À certains endroits, la lumière joue avec les reflets comme une main sur un drap en soie. À d’autres, c’est l’obscurité qui s’installe, mystérieuse et presque solennelle.

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J’ai croisé un couple de retraités, sacs à dos, pas rapides, visages lumineux. “On revient ici tous les ans depuis 1984”, m’a dit l’homme. “Toujours au printemps.” Je n’ai pas demandé pourquoi. Je savais déjà.

Activités possibles : sans excès, sans bruit

La randonnée, évidemment

Le sentier est accessible à tous, à condition de prendre son temps. Pas besoin de chaussures dernier cri. Des baskets confortables suffisent. Et l’envie de marcher sans objectif. J’ai mis une heure et demie, avec des pauses. Un bout de fromage sur un rocher. Quelques notes prises au stylo. Des regards vers l’eau.

La pêche, pour ceux qui savent attendre

On peut pêcher ici. J’ai vu deux pêcheurs installés, l’un au lever du jour, l’autre plus tard. Ils ne parlaient pas. L’un m’a juste levé la main pour saluer. Je ne saurais dire ce qu’ils pêchaient – truite fario, brochet peut-être. Mais ce n’était pas le poisson qui comptait. C’était le calme. L’oubli du temps.

Le pique-nique, sans nappe à carreaux

Deux aires aménagées existent. Loin l’une de l’autre, ce qui permet de ne pas se marcher dessus. Tables en bois, vue sur l’eau. J’ai préféré m’installer un peu plus loin, à même le sol. La mousse était sèche. J’ai bu mon café, mangé mon pain au bleu. Et j’ai souri tout seul. Ce genre de repas, on s’en souvient plus longtemps qu’un trois étoiles.

Ce qu’il ne faut pas faire

Baignade interdite

Et c’est très bien ainsi. L’eau est froide, profonde, fragile. Chaque mouvement y dérange des équilibres anciens. Il y a d’autres lacs pour se baigner. Celui-ci, c’est un lac pour l’âme.

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Pas de feu, pas de cris

Il ne s’agit pas de faire la police, mais de comprendre l’esprit du lieu. On ne vient pas ici pour faire du bruit. On vient pour s’accorder. Si vous avez des enfants, tant mieux. Mais expliquez-leur. Ici, on écoute.

Les alentours à explorer

Le lac du Tact : un voisin plus exubérant

À quelques kilomètres, le lac du Tact offre une ambiance différente. Moins profond, plus ouvert. Les libellules y dansent, les papillons s’y promènent comme en défilé. C’est une ancienne tourbière mise en eau. Résultat : un monde à part. Moins de silence, plus de vie visible.

Idéal pour une promenade plus animée. Moins contemplative, mais tout aussi belle.

L’arboretum de Balaine (un peu plus loin)

Si vous aimez les arbres autant que moi, faites le détour. On y croise des séquoias, des chênes rares, des érables japonais. Une forêt rassemblée, ordonnée sans être rigide. Parfaite pour finir la journée.

Informations concrètes

Info Détail
Localisation Trémouille, Cantal
Accès Voiture, petite route locale
Période idéale Avril à octobre
Distance du tour Environ 5 km
Baignade Interdite
Pêche Autorisée (vérifier réglementation locale)
Aires de pique-nique Oui, deux aménagées

FAQ

Peut-on accéder au lac toute l’année ?

Oui. Mais au cœur de l’hiver, la route peut être difficile. Le printemps et l’automne restent les meilleures périodes, à mon sens.

Le sentier est-il adapté aux enfants ?

Oui, à condition qu’ils soient motivés pour marcher un peu. C’est plat, ombragé, et il y a de quoi s’émerveiller à chaque pas.

La pêche est-elle libre ?

Non. Il faut un permis valide, comme partout en France. Renseignez-vous auprès de la fédération de pêche du Cantal.

Y a-t-il des toilettes sur place ?

Non. C’est un site naturel préservé. Prévoyez en conséquence, et respectez le lieu.

Peut-on bivouaquer au bord du lac ?

Ce n’est pas officiellement autorisé. Mais certains randonneurs posent leur tente plus loin, discrètement. Si vous le faites, faites-le bien : sans trace, sans feu, sans nuisance.

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