Il y a des endroits où la lumière vous attrape sans prévenir. Au lac de Servières, c’est souvent juste après l’aube – ce moment fragile où la brume hésite encore à quitter la surface, dessinant, sur l’eau dormante, des reflets laiteux de forêts et de crêtes. Une fois, en passant tôt, j’ai croisé un pêcheur déjà courbé sur son bouchon, un thermos brûlant entre les mains, et ce silence presque religieux qui règne là-haut, à plus de 1 200 mètres. Pourquoi ce petit lac volcanique attire-t-il autant, ces dernières années ? Peut-être parce qu’il propose une autre idée de la nature : accessible sans être apprivoisée, sauvage juste ce qu’il faut, mais jamais intimidante. On y vient pour respirer, écouter, marcher. Et parfois, pour se redécouvrir soi-même.
Sommaire
TogglePourquoi choisit-on le lac de Servières pour une escapade nature ?
Dans la famille des lacs d’Auvergne, Servières a ce petit supplément d’âme. Ni trop grand (on en fait le tour à pied en moins d’une heure), ni isolé à l’excès (le parking n’est jamais loin), il offre ce qu’on cherche : une nature proche et vraie, loin du folklore et du bruit.
Un bijou volcanique du Puy-de-Dôme
Formé il y a plusieurs milliers d’années sur le flanc d’un ancien volcan strombolien, le lac de Servières s’allonge en pleine lande à 1 202 mètres d’altitude. Il a la forme d’un soulier, cerclé de forêts de sapins, et sa profondeur frôle par endroits les 26 mètres. L’eau, sombre et limpide à la fois, reflète les nuages ronds de l’été ou les brumes de novembre : on se sent ailleurs, parfois comme sur une île.
Ce n’est donc pas un hasard si randonneurs, familles, photographes ou passionnés de biologie s’y croisent ! Le sentier balisé de 2 km contourne l’intégralité du lac, offrant des points de vue spectaculaires sur la chaîne du Sancy. On y croise des myrtilliers, l’odeur épicée des mélèzes, et, si l’on tend bien l’oreille, le piaillement d’un pinson : simple, accessible, vivant.
La randonnée autour du lac de Servières : une parenthèse précieuse
Faire le tour du lac, c’est goûter à une randonnée parfaitement équilibrée. Pas de dénivelés redoutables, mais un terrain souvent souple sous les pas, tapissé de racines dans la moitié nord et plus dégagé côté estivales. Le sentier alterne ombre et lumière, et invite à s’arrêter pour admirer la vue sur le puy Chopine ou le col du Guéry.
En été, la clarté de l’eau donne presque envie d’y plonger (attention : la baignade est interdite, la température n’est pas franchement clémente et le fond descend vite). Au printemps ou en automne, les nuances de vert, d’or et de rouille changent à chaque heure. Une pluie passagère ? Sentez cette odeur de terre noire et de mousse fraîche : c’est tout l’Auvergne qui se réveille.
Pêche, observation et rencontres : un écosystème à taille humaine
Le lac de Servières n’est pas réservé aux contemplatifs. On y vient surtout pour y pratiquer la pêche (carte obligatoire, à acheter à Orcival ou en ligne). Selon la saison, on y trouve truites fario, truites arc-en-ciel, ombles de fontaine. De l’aube au crépuscule, les passionnés s’installent sur les rives les plus reculées – patience, calme, et jeux d’ombre sur les flots.
Mais la véritable richesse du lieu, ce sont ces rencontres impromptues : une brebis venue paître tout près, un promeneur du dimanche qui partage son sandwich, ou cette fermière qui raconte l’histoire des mystérieux trous d’estive qui parsèment ici et là la lande, vestiges oubliés et sources de bien des hypothèses locales.
Comment accéder au lac de Servières et s’y préparer sans mauvaise surprise ?
Accès et conseils pratiques : Orcival, col du Guéry et route D983
Le lac de Servières se trouve sur la commune d’Orcival, à mi-chemin entre le bourg (célèbre pour sa basilique Romane) et le col du Guéry. Il suffit de suivre la route D983 ; une fois la forêt traversée, le parking du lac est signalé, juste avant la descente vers Laqueuille.
En saison estivale, prévoyez de venir avant 10 h ou après 17 h si vous souhaitez éviter la foule, particulièrement les week-ends de juillet-août. En dehors de ces périodes, vous aurez souvent la chance d’avoir ces paysages pour vous tout seul… ou presque.
| Checklist / Préparation | À prévoir |
|---|---|
| Accès | Route D983 – Parking gratuit (pas de navette) |
| Équipement minimum | Chaussures étanches, coupe‑vent, gourde, bonnet selon saison |
| Respect environnement | Ramener tous ses déchets, pas de feu, rester sur le sentier |
| Pêche | Carte de pêche obligatoire – voir Fédération du Puy-de-Dôme |
| Baignade/canoë | Baignade interdite, canoë autorisé sous conditions locales |
| Chiens | Autorisé en laisse (zone sensible pour la faune) |
| Hébergements à proximité | Gîtes ruraux à Orcival, cabane forestière, hôtels au Mont-Dore |
Lac de Servières : propriété, ouverture et préservation
Faut-il le préciser ? Le lac, bien que propriété privée, est ouvert à tous, à condition — et c’est heureux — de respecter quelques évidences : il n’est pas question ici de festivités tapageuses ou de bivouacs sauvages. La commune, soucieuse de préserver ce fragile écosystème, sensibilise régulièrement habitants et visiteurs .
Quelques conseils glanés sur le terrain : gare aux ornières sur le parking, changer de chaussures avant de reprendre la voiture (la terre volcanique a la loyauté tenace). En été, privilégier la gourde à la bouteille plastique – l’eau ici, on la savoure, elle n’est jamais anodine. L’hiver, des filets de givre blanchissent le rivage jusque tard dans la matinée : rien de tel qu’un café brûlant pour patienter et observer la lumière changer.
Itinéraires alternatifs : autour du lac et au-delà
Pour qui a envie de pousser plus loin, Servières se révèle être un excellent point de départ. Vers le nord, un ancien chemin mène à la tourbière des Chosses, paradis pour amoureux d’orchidées et de papillons. Au sud-est, direction Orcival (3 km) : basilique, fromagerie, marché du mercredi… Et, pour les plus courageux, la randonnée jusqu’au col du Guéry rallonge la boucle d’environ 10 km – paysages de landes, vues sur la Roche Tuilière, et ce petit air de bout du monde qu’on ne trouve guère ailleurs.
Un lieu chargé d’histoire et d’histoires
L’expérience du vin subaquatique, un clin d’œil insolite
En Auvergne, on aime les expériences, surtout quand elles mêlent terroir et inventivité. Au lac de Servières, il y a quelques années, des vignerons locaux ont décidé d’immerger 250 bouteilles de vin au fond du lac pour étudier comment elles vieilliraient, dans le secret de l’eau froide et noire. Les résultats ? Un goût différent, affiné, marqué par l’empreinte singulière du lieu. Ce projet, mi-scientifique, mi-poétique, a fait grandir la réputation du lac et suscité la curiosité : Servières, c’est aussi ce genre d’aventure, à la croisée des chemins.
Patrimoine naturel et énigmes des estives
Ceux qui arpentent les pentes clairsemées autour du lac remarqueront de curieuses traces : des trous alignés dans la lande, vestiges d’une occupation pastorale ancienne (ou, selon les conteurs, bien plus mystérieux). Les chercheurs s’interrogent encore sur leur usage exact : fosses à neige ? Trous de piégeage ?
La paisible surface du lac dissimule, elle aussi, bien des secrets : on raconte l’histoire d’un canot disparu un soir de brouillard, celle d’un pêcheur qui n’a juré que par les appâts maison, et cette légende selon laquelle l’eau du lac remonterait le temps, les nuits sans lune… En Auvergne, on écoute, on sourit, on ne dément jamais tout à fait. Et c’est sans doute cette part de mystère qui fait le charme du lieu.
Servières autrement : respiration, déconnexion et maisons d’accueil
Loin des foules, près de l’essentiel
Si le lac devient chaque année un peu plus populaire, il garde un esprit intact. Ici, pas de jet ski ni de plages bondées : la magie, c’est le silence, le froissement du vent dans les herbes courbées, la façon dont le ciel se reflète sous vos pas. Même en haute saison, on peut s’extraire du flot principal : marcher dans les sous-bois, cueillir quelques myrtilles en juillet, photographier une libellule posée sur un roseau.
Des hébergements au plus près de la nature
Rêver d’un séjour prolongé ? Plusieurs gîtes ou chambres d’hôtes accueillent les visiteurs à Orcival, parfois dans d’anciennes fermes restaurées avec cette attention toute auvergnate portée au bois, à la pierre et au fromage fondu. Au col du Guéry, possibilité de passer la nuit dans une cabane forestière. Pour ceux qui préfèrent le village : cafés, boulangeries, petites boutiques proposent la dolce vita locale à taille humaine et, toujours, ce pain tout juste chaud qui finit les plus belles journées de marche.
Le lac de Servières, c’est quoi finalement ? Ma vision en filigrane
Dans cette Auvergne que je parcoure depuis l’enfance, le lac de Servières est une halte précieuse. Ni décor carte postale ni recoin figé, mais un morceau de réalité, tiraillé entre nature stricte et hospitalité discrète. C’est un endroit qu’on apprend à aimer lentement – comme le bon fromage, il faut le goûter plusieurs fois. Y revenir à la fin de l’hiver, quand la glace craque sous les premiers rayons. Un matin de juin, pour voir les papillons émerger dans les tourbières. Ou pris sous l’averse, où l’on entend battre son cœur, tout simplement.
Si vous rêvez d’un coin où poser le sac, écouter, respirer ; où la nature se révèle sans effets spéciaux, Servières vous attend. Et si d’aventure vous croisez un Antoine, carnet en main ou chien trempé sur les talons, n’hésitez pas à partager votre plus belle anecdote – ce sont ces échanges-là qui font, chaque fois, la richesse du voyage.
FAQ – Vos questions sur le lac de Servières
Où se trouve précisément le lac de Servières ?
Le lac est situé à 1 202 mètres d’altitude, entre Orcival et le col du Guéry, sur la route D983, dans le département du Puy-de-Dôme.
Peut-on nager dans le lac ? La baignade est-elle autorisée ?
Non, la baignade est interdite pour des raisons de sécurité et de préservation. L’eau reste froide toute l’année et le lac présente des profondeurs subites.
Quelles activités sont possibles au lac de Servières ?
Randonnée (sentier de 2 km au bord de l’eau), observation de faune et de flore, pêche à la truite (carte obligatoire), canoë et kayak (sous conditions), pique-nique et photographie nature.
Le site est-il accessible en hiver ?
Le lac reste accessible toute l’année, mais l’accès peut être rendu difficile par la neige ou le verglas. Pour les plus courageux, raquettes ou bottes chaudes sont recommandées.
Où dormir à proximité du lac de Servières ?
On trouve des gîtes, chambres d’hôte et hôtels à Orcival, Laqueuille, ou au col du Guéry. Certains hébergements insolites proposent des expériences nature toutes saisons.